Entreprises : vous avez des nouveaux messages
Revue de presse

Entreprises : vous avez des nouveaux messages

La société s'invite de plus en plus au coeur des entreprises. Nouvelles attentes, nouvelles normes, nouveaux enjeux, nouvelles crises ou nouvelles opportunité... La société s'affirme comme un des critères majeurs pour le pilotage des entreprises. De toutes les entreprises. Rapide panorama des actualités des dernières semaines sur le sujet.

Nouvelle génération : l’argent avant le sens au travail

On la rêvait en génération Greta battant le pavé aux manifs pour le climat, la nouvelle génération des 15 – 24 ans se révèle moins révolutionnaire quand il s’agit de l’entreprise. Interrogés sur leurs visions de l’entreprise et du monde du travail, « ce sont des termes liés au métier et aux éléments financiers qui sont d’abord cités par la jeune génération, rappelant que l’entreprise est d’abord là pour assurer un travail et assurer un salaire ». Selon cette étude BVA pour la fondation Jean Jaurès et la Macif, parmi leurs principales attentes, les jeunes interrogés citent d'abord le fait d'avoir un poste bien payé (à 43 %), largement devant le fait d'avoir un poste autonome (18 %) ou un poste qui leur permet de défendre des valeurs qui leur sont chères (16 %).

To quit or not to quit 

La « Grande démission » déferle et écrase tout sur son passage. Aux États-Unis, 4,5 millions d’américains ont quitté leurs emplois en novembre 2021. Un phénomène de démission jamais connu auparavant. En tout ce sont 20 millions de départ depuis le dernier printemps. La période pandémique rebat les cartes dans le monde du travail en révélant de nouvelles priorités pour les salariés : passer plus de temps en famille, télétravailler, la quête de sens au travail.

Une étude du cabinet Cengage révèle que 91 % des participants citent « le désir d'être mieux payé » comme une des raisons principales de démission. Parmi les autres raisons de démission, Cengage évoque l'épuisement et le manque de soutien (89 %), le manque d'évolution (82 %), la reconsidération des priorités / objectifs pendant la pandémie (82 %) et enfin un changement de carrière dû à une passion (81 %).

Le long combat pour l’égalité salariale 

Il faudra 63 ans pour rattraper l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes, et 30 ans pour combler l’écart entre les taux d’emploi des femmes et des hommes. Ces chiffres alarmants ont été publiés dans l’étude Women in Work Index réalisée dans 33 pays de l’OCDE. Cette étude révèle notamment que la crise sanitaire liée au Covid 19 a augmenté ces inégalités.

« La pandémie a rendu encore plus difficile l'objectif d'égalité des femmes au travail. Pour inverser cette tendance, il devient urgent que les gouvernements et les entreprises montrent la voie et mettent en place des politiques efficaces qui prennent explicitement en compte les besoins des femmes, comme par exemple la prise en charge des solutions de garde d’enfants. C'est essentiel si nous voulons parvenir à un avenir plus juste pour tous, tant dans le monde du travail que dans la société. »

Pauline Adam-Kalfon, Associée responsable Inclusion et Diversité chez PwC France et Maghreb

Découvrez cette étude en détail ici

Et pourquoi pas ? Verdir les bonus des dirigeants

A l'initiative de l'euro député Pascal Canfin, plusieurs figures du patronat européen, à l'image d'Antoine Frérot ou de Catherine MacGregor, réclament à Bruxelles de conditionner une partie des bonus à la réalisation d'objectifs environnementaux. « Les dirigeants des filiales, les directeurs financiers, les directeurs des achats, les directeurs logistiques, etc. seraient concernés. Les « bonus » ne seraient donc plus uniquement liés à la performance financière de l'entreprise et au court-terme. On laisserait la main aux entreprises pour fixer leurs objectifs environnementaux et le montant de la rémunération », explique l'euro député.

Lire la lettre ici

La neutralité carbone, le nouvel habit vert du GreenWashing

C'est désormais un risque réputationnel et juridique. Les allégations de "neutralité carbone" qui foisonnent dans les publicités et engagements des entreprises pourraient bien se retourner contre elles. Cibles de collectifs citoyens luttant contre le greenwashing et bientôt de la loi, ces mentions provoquent l'effet inverse, décrédibilisant l'ensemble des démarches, parfois sincères, des entreprises. 

L’ADEME a publié sur le sujet ce mois-ci ses recommandations dans le cadre de la consultation publique concernant le décret d’application de la loi relative à l’encadrement des allégations de “neutralité carbone” des produits.

Du côté financier, l’AMF a fait de la lutte contre le Greenwashing une de ses priorités de 2022.

Début février, un rapport de NewClimate Institute avec le soutien de l’ONG Carbon Market Watch a passé au crible les objectifs de neutralité carbone de 25 grandes entreprises comme Carrefour, Apple, Unilever ou Ikea. Il conclut que leurs engagements permettent de réduire que de 40 % leurs émissions au lieu de 100 %. 

Enfin, on apprenait début mars que TotalEnergies faisait l’objet d'une action en justice menée par des ONG pour avoir trompé le public lors de sa campagne publicitaire lors de son changement de marque. Le groupe s’est notamment engagé sur une neutralité carbone d'ici 2050, alors qu’il prévoit de nouveaux investissements dans des combustibles fossiles.

Orpéa ou la faillite des notations ESG ?

 

Le scandale Orpéa qui secoue la France ces dernières semaines fait apparaitre dans son sillage une remise en cause du système de notation extra-financière. Le géant des Ehpad et maison de retraites bénéficiaient de très bonnes notations ESG (Environnement, Social et gouvernance) de la part de différents cabinets.

Le livre enquête « Les fossoyeurs » parut ces jours-ci montre cependant un tout autre visage de l’entreprise. Et la question se pose : les évaluations ESG sont-elles fiables ? Pas vraiment si on en croit Dominique Stucki avocat associé du cabinet Cornet Vincent Ségurel, spécialisé en droit financier cité par Capital “Les agences de notation n’effectuent pas d’enquêtes de terrain, qui leur coûteraient très chères. Elles ne font pas d'entretiens avec les salariés ni les clients”. Une pratique qui entraine de nombreux biais. Volkswagen était par exemple très bien noté sur les critères ESG avant le Diesel gate… La création de normes internationales de reporting et de notations est en cours et va permettre d’apporter plus de clarté au secteur.

Pour mieux comprendre ce sujet : un très bon article complet de Capital et un édito de Novethic.

Larry Flink (Blackrock) défend le capitalisme des parties prenantes

Comme chaque année, le dirigeant du premier gestionnaire d'actifs adresse une lettre aux dirigeants au ton de plus en plus « engagé ». Cette année, Larry Flink appelle à un nouveau capitalisme orienté par, et pour les parties prenantes.

« Le capitalisme des parties prenantes ne relève pas de la politique. Il ne s'agit pas d'un programme social ou idéologique. Ce n'est pas un capitalisme "politiquement correct".

C'est un capitalisme reposant sur des relations mutuellement bénéfiques entre vous et vos salariés, clients, fournisseurs et les communautés dont dépendent votre entreprise pour prospérer. C’est en cela que réside la force du capitalisme. Les entreprises qui ne s'adaptent pas à cette nouvelle réalité et ne répondent pas aux demandes de leurs employés prennent des risques considérables. La rotation du personnel accroît les dépenses, réduit la productivité et affaiblit la culture de l'entreprise.»

Une position qui n'a rien de politiquement correcte, affirme Larry Fink qui se veut pragmatique sur l'état de l'économie.

Lire le décryptage de la lettre de Larry Flink par Novethic 

Et Alors ? 

Dans un monde qui change très vite, les entreprises se doivent d'être à l'écoute de leur environnement. Non seulement pour répondre aux attentes mais surtout pour rester performantes et attirantes. 

Dans cette nouvelle donne sociétal, le risque est grand de dire avant de faire. Et de s'exposer au tribunal de l'opinion.

Ecouter, observer et comprendre s'affirment aujourd'hui comme les piliers d'une stratégie d'entreprise pour nourrir la part d'intuition propre à chaque leader.

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