Joseph et Frédéric Grimaud, Fondateur et Président directeur général du groupe Grimaud
Regards

Joseph et Frédéric Grimaud, Fondateur et Président directeur général du groupe Grimaud

Joseph et Frédéric Grimaud sont deux générations d’une même histoire. Une histoire commencée dans une cours de ferme et qui se poursuit aujourd’hui un peu partout sur la planète… mais jamais loin de la ferme d’origine. C’est une vision commune de l’entreprise au service des Hommes. Ce sont deux dirigeants d’une même entreprise à différents stades de son développement : le groupe Grimaud. Regards croisés… 

Première question obligatoire, c’est quoi pour vous une belle boîte ? 

Joseph Grimaud  (JG):  C’est une boîte où les dirigeants ont le souci que les gens soient le mieux possible et qui respecte les gens. La belle boîte c’est aussi matériel, qui gagne de l’argent, qui sait se développer et qui n’a pas de frontières. 

Frédéric Grimaud (FG) :On est dans un monde où l’économie est un des éléments très important du développement collectif et individuel, de l‘équilibre social et on ne peut pas y échapper. 

Donc pour moi une belle boîte c’est une boîte efficace économiquement, au sein de laquelle il y a une relation bien comprise, gagnant-gagnant de l’ensemble des personnes qui sont impliquées. Et ça, de n’importe quel niveau de collaborateurs, des dirigeants et aussi des actionnaires. C’est cette dynamique d’épanouissement au service d’un projet économique.  

Pour vous, quel est le rôle d’une entreprise ? 

FG :  C’est une question très large : à quoi sert notre entreprise ? On cherche à contribuer à un monde meilleur. Qu’on le fasse en Chine, en Inde, au Mexique ou aux États-Unis, le fond reste le même mais la forme doit être adaptée : le contexte et la culture sont différents : on ne peut pas passer les messages de la même façon. 

Sur 100% de nos filiales nos dirigeants sont locaux. Ça nous rend la vie plus compliquée au niveau du groupe parce que les équipes doivent faire l’effort de compréhension mutuel avec les dirigeants locaux, qu’on doit en permanence chercher à raccrocher et à les comprendre avec cette notion d’empathie. 

Aussi, on dépasse les notions de géopolitique et c’est très intéressant. On voit que le monde n’est pas plus simple qu’il ne l’était pour le dire de façon simple. Notre rôle c’est de passer au-dessus de tout ça, avec plein de modestie dans ce grand ensemble. 

C’est un peu un archipel des entreprises. On parle beaucoup en ce moment de l’utilité des entreprises et à quoi elles servent, et vous présentez l’entreprise sur votre site avec ces mots « Développer un modèle d’entreprise ouvert, bienveillant pour la vie et la planète où l’économie est au service de l’Homme. » C’est une promesse très actuelle je trouve, est-ce que c’est le fil conducteur depuis sa création ? 

JG : Au début c’était qu’alimentaire, nous étions deux jeunes couples mais le but aussi était de se réaliser, de faire quelque chose ensemble et de créer ensemble. La notion de mission d’entreprise, ça vient vite mais ça vient après. 

FG :  Joseph avait un triptyque : les hommes, les investissements et la recherche. On a ajouté les notions de l’international, l’intégration des démarches qualité, l’amélioration continue, et le cœur du réacteur ce sont les équipes et comment on est capable d’amener les équipes ici et là dans un projet économique, on ne l’oublie jamais. 

Il y a une mode en ce moment, d’entreprise à mission et je pense que l’année prochaine nous-même on le sera mais on ne le plaque pas, c’est quelque chose de très profond chez nous.

Vous vous êtes engagés pour devenir une entreprise à mission, c’est la formalisation de ce que vous êtes déjà ? Et d’où c’est venu ? 

FG : C’est donner de la profondeur et de la largeur à notre projet d’entreprise. 

Les générations nouvelles ont des attentes de ce point de vue-là qui sont supérieures et différentes. La notion et la valeur travail, ce n’est qu’une composante dans un projet de vie global, je pense qu’ils l’ont mieux compris que nous ou plus tôt en tout cas. 

Donc si on parle d’entreprise à mission, de manière pragmatique notre mission c’est prendre soin de la vie. Et le premier angle c’est prendre soin de notre entreprise : la performance économique doit passer en priorité et après on peut décliner autour de l’Homme dans sa dimension la plus large. Chez nous, la science au service de la santé, par la voie alimentaire ou par la voie de bio pharmacie. Les équipes et leur permettre de s’épanouir, les animaux, une notion qui est de plus en plus importante pour les générations qui arrivent : l’animal est un être sensible donc comment prendre soin des animaux et enfin l’environnement. 

Le rôle de l’entreprise a-t-il évolué depuis que vous l’avez créée Joseph ? 

JG : C’est un excellent prolongement : les valeurs sont là, la mission de l’entreprise aussi. Concernant les animaux, quand j’ai commencé à 25 ans, on respectait les animaux mais on était loin du bien-être, maintenant c’est différent et c’est une bonne chose.  

En quoi être une entreprise familiale aide à tenir le fil ? 

FG : J’ai eu l’opportunité de travailler sur de bonnes bases, on a travaillé intensément ensemble pendant 10 ans et on se demande : qu’est-ce que je fais maintenant, je gère ce qu’on me transmet ou j’accélère ? Et c’est ce qu’on a fait, grâce aux équipes. 

L’enjeu c’est la pérennité. Aujourd’hui nous avons un actionnariat majoritairement familial et partagé avec des partenaires financiers depuis longtemps donc on est habitué à partager cette gouvernance moderne.  

Est-ce qu’il y a aussi une transmission de l’actionnariat ? Car c’est aussi un rôle à part entière. 

JG : Au début, il y avait mon frère, ma belle-sœur, ma femme et moi.  A nous 4 nous avons eu 10 enfants, donc il y a maintenant 10 actionnaires de la génération de Frédéric. 

On peut très bien dissocier le management de l’actionnariat, l’important c’est d’avoir des gens passionnés. 

Qu’est ce qui guide votre action ? 

FG : C’est la notion d’engagement, de faire au maximum de ses capacités du moment, c’est ce qui va permettre de construire quelque chose et c’est ce qu’on essaye de faire ensemble. 

Dans l’entreprise, on a instauré le droit à l’erreur :  la première erreur, c’est l’apprentissage, ça montre qu’on tente des choses. La deuxième fois c’est un carton jaune, rappel de la règle, mais ce n’est pas très grave. Par contre, si on fait trois fois la même erreur ça devient un problème. Ce droit à l’erreur est écrit dans un livret qu’on réécrit tous les 5 ans avec nos missions, notre raison d’être, nos objectifs et dedans il y a certains principes, dont le droit à l’erreur. Le livret est remis à chacun de nos employés, dans plusieurs langues. 

On est une entreprise très innovante, il faut insuffler une culture d’innovation dans l’entreprise, c’est lié à l’état d’esprit dans lequel nous travaillons. Si les gens savent qu’au moindre faux pas, et on en fait tous, ils vont être sanctionnés, ils ne vont pas tenter des choses. Nous on incite à l’audace et ça nous amène parfois dans des directions qu’on n’avait pas imaginées. 

Pour conclure, quels sont les grands enjeux de l’entreprise aujourd’hui ? 

FG : Je suis très optimiste par nature, je pense que le monde s’améliore. C’est pour ça qu’on a écrit prendre soin de la vie. 

Pour les entreprises de manière générale je suis convaincu que les gens ne cherchent plus que la dimension économique. Comme le monde est globalisé, avec les nouveaux médias et les réseaux sociaux nous sommes sur un village planétaire, on voit ce qu’il se passe partout et ça inspire. Donc les gens n’attendent plus du travail qu’un revenu. C’est nécessaire, indispensable mais ça ne suffit plus à attirer des talents. Il faut que l’entreprise puisse donner aux gens la possibilité de grandir sur le reste.  

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